>> Sidwaya
CHANTAL COMPAORE APPELLE A L'ADOPTION ET A L'APPLICATION DES LOIS
Sidwaya - November 13, 2009
par P. Pauline Yameogo
"Du Caire à Ouagadougou : vers l'interdiction totale des Mutilations génitales féminines (MGF)". C'est sous ce thème que s'est ouverte le lundi 9 novembre 2009 la rencontre de haut niveau sur les MGF, sous la présidence de la Première dame du Burkina Faso Mme Chantal Compaoré.
Après le Caire en 2003 et 2008, Ouagadougou accueille la troisième réunion de haut niveau sur les Mutilations génitales féminines (MGF). Des femmes et des hommes, issus de toutes les couches sociales des différents pays d'Afrique, sont venus joindre leurs voix à celle de Chantal Compaoré, première Dame du Burkina Faso, pour encore une fois s'élever contre les MGF. Ce, dans l'espoir de voir l'Afrique se débarrasser définitivement de cette "gangrène" qui n'a que trop duré sur le continent, malgré les actions engagées depuis des décennies. Les personnalités qui se sont succédé à la tribune, de la ministre de l'Action sociale du Burkina Faso, Mme Pascaline Tamini, à Mme Chantal Compaoré, en passant par la première Dame de la Guinée-Bissau, Mme Mariama Mané Sanha et la vice-présidente du Sénat de la République italienne, fondatrice de l'ONG "No peace without justice" (NPWJ) Mme Emma Bonino ,toutes ont reconnu que les MGF ont la peau dure. Elles ont appelé de ce fait à une action forte pour arriver à bout du fléau. Aussi, la rencontre de Ouagadougou s'inscrit dans une dynamique de recherche concertée de solutions pour l'élimination effective de l'excision, par l'adoption et l'application de lois anti-MGF dans les différents pays d'Afrique.
En effet, si certains pays d'Afrique occidentale disposent d'une loi spécifique sur les MGF dont l'application est une priorité, d'autres hésitent encore à emboîter le pas.
Dans ce sens, la première Dame du Burkina Faso a plaidé pour une prise de mesures législatives réprimant les MGF pour assurer la cohérence des actions de lutte et leur durabilité. "L'hésitation de certains pays à adopter les textes de loi condamnant ouvertement l'excision et le refus catégorique de bien d'autres à légiférer sur cette tragédie humaine, hypothèquent chaque année, la vie de millions de femmes et de filles, "a-t-elle regretté. Certes des avancées notables ont été enregistrées dans la lutte. Il s'agit entre autres de l'adoption du protocole de Maputo , la création de plans d'action nationaux ; la création d'organismes nationaux indépendants pour la protection des droits de la personne ainsi que la fonction d'Ombudsman.
Toutefois, il faut reconnaître que beaucoup reste à faire. A titre d'exemple, la République de Djibouti enregistre encore 93% de taux de prévalence, selon la représentante de la première Dame de Djibouti. Face à cette situation, Mme Chantal Compaoré a lancé un cri du cœur : "je voudrais lancer un appel à tous les Etats africains afin qu'ils coopèrent à tous les niveaux pour accélérer l'élimination de la pratique surtout par l'adoption et l'application de textes de loi". En fait, l'idée de la première Dame est de voir un sursaut d'orgueil continental se dégager en faveur de l'élimination totale des MGF. Et, c'est aussi l'avis de la première Dame de la Guinée-Bissau qui renchérit en ces termes : "Je voudrais lancer un vibrant appel aux donateurs et aux bonnes volontés, d'apporter un précieux soutien à notre plan d'action". Cet appel, l'ONG "NPWJ" l'a bien compris. Sa présidente Mme Bonino a renouvelé sa volonté d'accompagner la lutte pour une tolérance zéro d'ici à 2015.
Pendant 48 heures, acteurs et partenaires de la lutte vont travailler sur trois thématiques : la législation comme instrument de changement d'attitude ; la sensibilisation des communautés touchées par les MGF et l'application efficace de la loi. L'objectif commun à toutes les séances sera le partage des expériences acquises et un engagement politique renouvelé vers une action accélérée d'élimination des MGF.
DES PROPOS RECUEILLIS A LA RENCONTRE PAR AIMEE FLORENTINE KABORE
Mme Chantal Compaoré, première Dame du Burkina Faso: "Nous avons contacté les premières Dames de l'Afrique pour qu'ensemble, nous essayons de voir avec nos gouvernements respectifs comment amorcer la prochaine phase pour l'élimination complète des MGF. Il faut que nous soyons solidaires avec nos populations, l'implication de nos chefs d'Etat pourrait vraiment rendre efficace la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes. Il est temps que les Etats, qui ne se sont pas encore engagés dans la lutte, emboîtent le pas de leurs homologues pour que nous puissions avoir des résultats satisfaisants".
Mariama Mané Sanha, première Dame de Guinée-Bissau: "Nous sommes venus nous enrichir de l'expérience du Burkina Faso. La pratique de l'excision est profondément enracinée dans nos coutumes et il est très difficile de rompre avec cette tradition. De ce fait, nous sommes en train de mener des campagnes de sensibilisation, pour le moment. La plupart des femmes qui font exciser leurs filles sont des musulmanes. Mais certains leaders religieux soutiennent que le Coran ne fait pas de cette pratique une obligation religieuse. Le gouvernement est également à l'œuvre et une loi sera votée dans ce sens pour mettre fin à cette pratique, très prochainement".
Emma Bonino, fondatrice de la fondation No peace without justice (NPWJ): "Cette pratique traditionnelle était soutenue dans le temps par les communautés musulmanes. Mais nous sommes arrivés à un stade de sensibilisation où toutes les communautés se sont rendu compte que l'excision est nuisible à la santé des filles et des femmes. Particulièrement, au Burkina Faso, nous sommes sur la
voie de l'élimination de cette pratique. Mais il faudrait faire en sorte que les exciseuses des autres pays ne viennent ici mutiler les filles et vice-versa, d'où la nécessité de la lutte transfrontalière. Le chemin est long mais nous sommes sur la bonne voie".
Mme Aïna Ouédraogo/Koné, coordonnatrice du projet: "Lutte contre les MGF à la Fondation pour le développement communautaire (FDC)" : "Nous attendons beaucoup de cette rencontre dans la mesure où la pratique de l'excision est entrée dans la clandestinité et concerne de plus en plus des fillettes de 0 à 5 ans. De plus, pour contourner la loi, les parents et les excise uses vont au-delà des frontières du Burkina Faso pour exciser leurs enfants. C'est ce qui nous empêche de faire une bonne promotion de l'abandon de la pratique puisque dans certains pays frontaliers, cette loi n'est pas adoptée, à plus forte raison, appliquée. Si nous arrivons à harmoniser nos dispositions, pour la lutte, c'est un pas de gagné. Lorsque tous les pays seront sur le même pied d'égalité en matière de législation, nous pourrons faire la promotion de l'abandon de cette pratique le long de nos frontières. Avec les premières Dames présentes à cette rencontre et les ministres venus représenter celles qui n'ont pas pu faire le déplacement, je pense qu'elles rendront compte et feront des plaidoyers auprès de leurs époux afin que des normes et dispositions juridiques soient effectives au niveau de tous les pays africains pour promouvoir la lutte transfrontalière".
SEM AHmed Zein, ambassadeur d'Egypte au Burkina Faso: "Nous sommes fiers de partager avec le Burkina Faso et les autres pays africains, notre lutte pour éradiquer la pratique de l'excision. Le 7 juin 2008, le parlement égyptien a voté une loi contre les MGF. Par ailleurs, en juin 2003, l'Egypte a abrité la rencontre afro-arabe sur les MGF et la législation en vigueur sur la question. De nombreux efforts se ressentent au niveau de la société civile, des initiatives communautaires, du dialogue inter-religieux, des jeunes comme vecteur du changement".
Altri articoli su:
[ Africa ]
[ Diritti Umani, Civili & Politici ]
[ Egitto ]
[ Italia ]
[ Stop FGM! ]
[ USA ]
Comunicati su:
[ Africa ]
[ Diritti Umani, Civili & Politici ]
[ Egitto ]
[ Italia ]
[ Stop FGM! ]
[ USA ]
Interventi su:
[ Africa ]
[ Diritti Umani, Civili & Politici ]
[ Egitto ]
[ Italia ]
[ Stop FGM! ]
[ USA ]
|