Bamako, le 21 février 2006
Madame la PremiĂšre Dame,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
?Mesdames et messieurs les Parlementaires, Chers collĂšgues et Amis,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout dâabord remercier infiniment le Gouvernement du Mali qui nous accueille chaleureusement et qui confirme par la tenue de cette ConfĂ©rence son engagement dans la lutte contre les Mutilations GĂ©nitales FĂ©minines et nous donne la possibilitĂ© dâajouter une nouvelle pierre Ă lâĂ©difice qu'un certain nombre dâentre nous essaye dâĂ©rigĂ© depuis dĂ©jĂ plusieurs annĂ©es.
En effet notre combat a connu de nombreuses Ă©tapes essentielles quâil convient de rappeler afin dâhonorer le chemin que nous avons parcouru ensemble. Il y a 3 ans environ, câĂ©tait du 21 au 23 juin 2003, beaucoup dâentre nous Ă©taient rĂ©unis au Caire pour la ConfĂ©rence dâExperts sur la lutte contre les MGF, qui rĂ©unissait les reprĂ©sentants gouvernementaux, des parlements et de la sociĂ©tĂ© civile de 28 pays africains et arabes affectĂ©s par les MGF et la dĂ©claration pour la "TolĂ©rance zĂ©ro pour les MGF" Ă©tait rendue publique par le ComitĂ© Interafricain et signĂ©e par des PremiĂšres Dames africaines et de nombreuses autres personnalitĂ©s internationales. Quelques mois plus tard, le Protocole de Maputo Ă©tait adoptĂ© par 53 Chefs dâEtats et de Gouvernements de lâUnion Africaine. Depuis, 16 pays lâont ratifiĂ©s, marquant ainsi son entrĂ©e en vigueur et la volontĂ© de plus en plus partagĂ©e et revendiquĂ©e de se plier aux recommandations du Protocole qui indique que « les Etats parties sâengagent notamment « à interdire par des mesures lĂ©gislatives assorties de sanctions toutes formes de mutilations gĂ©nitales fĂ©minines » (Art.5).
Ce texte international de premiĂšre importance, portant la voix des millions de femmes victimes de sĂ©vices insultant les principes fondamentaux de la personne humaines, est soutenu et promu par des Ă©vĂšnements telle que la ConfĂ©rence de Bamako qui nous rassemble aujourdâhui.
Les travaux qui vont nous occuper dĂšs ce matin sont sans conteste les plus ambitieux que nous ayons entrepris ensemble depuis lâadoption du Protocole de Maputo. La prĂ©sence de nombreuses dĂ©lĂ©gations de la Sous-RĂ©gion est le signe dâune vĂ©ritable alliance internationale sâaccordant sur les meilleures stratĂ©gies Ă appliquer pour lâabandon de lâexcision et, la rĂ©union de tous les acteurs maliens de la lutte contre les mutilations gĂ©nitales fĂ©minines nous assure que nous travaillerons avec le bĂ©nĂ©fice de lâexpĂ©rience des nombreux militants qui sâactivent sur le terrain depuis plusieurs annĂ©es, au plus prĂšs des victimes et de leurs bourreaux, lĂ oĂč se joue une part importante de notre victoire. Ce travail de sensibilisation au sein des familles et des communautĂ©s est menĂ© avec Ă©nergie et rĂ©ussite au Mali et nous pouvons nous rĂ©jouir que, pour soutenir les efforts fournis par le MinistĂšre de la Promotion de la Femme, de lâEnfant et de la Famille, Ă travers le Plan National de Lutte contre lâExcision, et par lâensemble des organisations de la sociĂ©tĂ©s civile, le Gouvernement malien se penche Ă lâoccasion de cet Ă©vĂšnement sur la mise en Ćuvre du Protocole de Maputo et lâopportunitĂ© dâune lĂ©gislation interdisant lâexcision. Cette Ă©tape franchie, le Mali serait un reprĂ©sentant exemplaire de la lutte contre les mutilations gĂ©nitales fĂ©minines car, grĂące Ă lâimportance de ses efforts de sensibilisation actuel, le texte lĂ©gislatif pourrait ĂȘtre diffusĂ© et expliquĂ© dans toutes les RĂ©gion, suivant les rĂ©seaux de lutte ramifiant tout le pays.
Câest avec plaisir que jâaborde les thĂšmes de la ConfĂ©rence de Bamako car ils signifient que les espoirs que nous accordions dans notre engagement aux premiers moments de notre lutte nâont pas Ă©tĂ© vains et sont mĂȘme rĂ©compensĂ©s aujourdâhui par un rassemblement dâune telle ampleur. Il est important de souligner la nĂ©cessitĂ© de poursuivre notre combat tant aux niveau national quâinternational. Câest en rĂ©unissant des militants venus de tout le continent africains comme Ă lâoccasion des ConfĂ©rences Internationales de Nairobi et de Djibouti sur les Mutilations GĂ©nitales FĂ©minines, qui se sont tenues respectivement du 16 au 18 septembre 2004 et du 2 au 3 fĂ©vrier 2005, que nous pouvons continuer de renforcer le rĂ©seau de lutte international contre lâexcision qui montre aujourdâhui dĂ©jĂ toute sa force de mobilisation. Nous pouvons le dire, les choses Ă©voluent. Elles Ă©voluent rapidement. Mais autant de chemin parcouru, en si peu de temps, ne doit pas occulter notre destination finale. Ce serait une erreur de penser que la partie est gagnĂ©e. Les Ă©tudes les plus rĂ©centes suffisent Ă mesurer lâimmensitĂ© quâil nous reste Ă parcourir. Rien quâici, au Mali, et malgrĂ© une lutte engagĂ©e de longue de date, les mutilations concernent toujours plus de 90% des femmes.
Mais ce ne serait pas honnĂȘte de ne pas noter les avancĂ©es rĂ©alisĂ©es ces derniĂšres annĂ©es. Ce ne serait pas rendre hommage Ă tous les acteurs gouvernementaux, et associatifs, tous les anonymes de la sociĂ©tĂ© civile qui Ćuvrent au quotidien. Surtout, ce serait minimiser la formidable opportunitĂ© que reprĂ©sente une confĂ©rence comme celle-ci. Car nous devons en ĂȘtre certains, lâĂ©poque de lâimpunitĂ© et de lâignorance est aujourdâhui rĂ©volue. Certes, la guerre contre les MGF ne sâarrĂȘtera pas avec cette ConfĂ©rence. Nous nous sommes enfin dotĂ©s dâinstruments pertinents Ă opposer aux vieilles tentatives de justification des MGF. A ceux qui voudraient encore relier les MGF Ă la religion, nous pouvons rĂ©pondre par le consensus religieux qui rejette en masse ces pratiques barbares. A ceux qui nous parleront de traditions, nous brandirons le spectre de lâillĂ©galitĂ© et ce, au niveau international, grĂące au Protocole de Maputo.
Reste maintenant Ă relayer ces prises de position. ConcrĂ©tiser toujours plus les progrĂšs au plus prĂšs du problĂšme, sur le terrain. Car toute bonne volontĂ© politique soit-elle, lâĂ©tat des choses nâĂ©voluera quâavec une vraie implication des populations et de leurs acteurs du quotidien, militants engagĂ©s ou anonymes. Pour que les fillettes dâaujourdâhui deviennent des mĂšres responsables, Ă©duquĂ©es aux risques des mutilations et des autres pratiques nuisibles.
Avant de laisser ma place Ă Madame la PremiĂšre Dame du Mali, jâaimerais adresser quelques sincĂšres remerciements. A commencer justement par Madame TourĂ© Lobbo TraorĂ©, PremiĂšre Dame du Mali qui, par son engagement personnel et sa prĂ©sence aujourdâhui, honore cette confĂ©rence de son parrainage. Merci aux organisateurs de cette confĂ©rence, qui nous ont rĂ©unis ici : le gouvernement du Mali, et en particulier le MinistĂšre de la Promotion de la Femme, de lâEnfant et de la Famille et lâĂ©quipe de No Peace Without Justice qui ont su unir leurs forces pour que cette confĂ©rence ait lieu. Merci Ă nos gĂ©nĂ©reux partenaires et sponsors: lâUnicef, Care-Mali, la Commission Européénne, PLAN-Mali, lâAide de lâEglise NorvĂ©gienne, la coopĂ©ration suĂ©doise, la coopĂ©ration canadienne et Tombouctou.
Et bien sur, merci Ă vous tous qui avez rĂ©pondu prĂ©sent et qui, jâen suis convaincue, feront de cette confĂ©rence un moment capital dans notre lutte contre les MGF. Pour que, demain, les mutilations gĂ©nitales se conjuguent exclusivement au passĂ©. Merci.